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DU SERPENT.

— Eh bien ! quoique je sentisse en moi-même que, par une de ces chances bizarres qui arrivent dans la vie peut-être aussi souvent qu’elles arrivent dans les romans, j’étais tombé sur l’homme qui avait commis le meurtre ; je n’avais pas cependant de preuve suffisante pour obtenir un mandat d’amener. Je fus transféré de Gardenford à Slopperton, et pendant tous les moments de loisir que je pouvais avoir, je m’efforçais de retrouver l’homme que j’avais remarqué ; mais je ne le vis plus nulle part, et je n’entendis plus parler d’un individu quelconque répondant à son signalement. J’allai dans les églises, car je le croyais capable de se cacher derrière un masque de piété. J’allai au théâtre, et je vis sur la scène une jeune femme accusée d’avoir empoisonné une famille, et dont l’innocence était prouvée par un gaillard de la police, qui ne connaissait pas plus son métier qu’une mouche. J’allai partout et de tous les côtés, mais je ne revis jamais cet homme, et voilà que l’on était excessivement près du procès de ce jeune gentleman, et rien de fait. Comment faire pour le sauver ? Je réfléchissais à cela le jour et la nuit ; mais l’affaire dépassait mon imagination, je ne trouvais absolument rien. Un jour j’entendis parler d’un vieil ami du prisonnier qui était assigné en chair et en os comme témoin à l’audience ; cet ami, je résolus de le voir, car deux têtes… (M. Peters regarde autour de lui,