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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/130

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LA TRACE

droit aux conclusions, pourrait s’imaginer que les chagrins et les maux vulgaires, qui peuvent être considérés comme existant d’une manière parallèle avec le savon bouilli et les os brûlés, c’est-à-dire l’amour sans espoir et les tortures de la jalousie, la maladie, la mort, la folie ou le désespoir, devaient être aussi bannis des régions de Park Lane et exclusivement confinés dans le cercle de Friar Street. Nulle personne douée du sentiment des convenances, ne voudrait certainement supposer qu’il en est autrement, et ne consentirait à se représenter milady la duchesse de Magfavi mangeant des harengs saurs à l’heure ridicule d’une heure après midi, ou garnissant sa grille de charbon de ses doigts d’albâtre, ou se lamentant sur la mort de son enfant, ou se désolant sur l’infidélité de son époux, absolument comme mistress Stiggins, la marchande de pommes de terre et de charbon, sur une petite échelle, ou mistress Higgins dont les seuls revenus proviennent de matelas confectionnés sur place.

Et il peut paraître dur, ô mes frères, que la fortune, le rang, le pouvoir, institutions divines, sans doute, soient des institutions impuissantes ici-bas ; elles peuvent bien exclure les atmosphères viciées, les mauvaises odeurs, les vues désagréables et les bruits discordants ; elles peuvent entourer ceux qui possèdent le privilège de la naissance, de la beauté, de la grâce, de l’art, du luxe et de toutes sortes de