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DU SERPENT.

tiré l’attention de tous les amateurs par sa perfection en tous points et par la somme élevée de son enchère, caracole devant la porte de l’hôtel sous la main de son habile cavalier, un groom bien appris à l’élégante livrée. Un autre cheval, également de pure race, attend son cavalier, le comte de Marolles ; le groom descend et tient la bride tandis que le gentleman sort de l’hôtel et S’élance en selle. C’est un cavalier consommé ce comte de Marolles, un bel homme aussi malgré l’impatience et l’astuce de ses yeux bleus et de ses lèvres minces et nerveuses. Sa toilette est parfaite, suffisamment à la hauteur de la mode pour dénoter dans celui qui la porte un homme de haut ton, mais sans l’exagération qui lui donnerait le cachet d’un parvenu. Il a cette élégance et cette grâce étudiée qui, à l’œil de l’observateur, paraît être du laisser-aller, mais qui est en réalité la perfection de l’art le plus remarquable de tous : l’art de cacher l’art.

Il est midi et il n’y a pas beaucoup de monde dans Piccadilly par cette matinée de septembre ; mais parmi les quelques gentlemen qui passent à cheval devant M. de Marolles, les plus distingués le saluent. Il est bien connu dans le grand monde comme l’éminent banquier, le propriétaire d’un superbe hôtel dans Park Lane, le héros de la célébrité parisienne qui porte la croix de la Légion d’honneur qui lui a été donnée par Napoléon Ier à