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LA TRACE

être appelée peut-être une maladie, mais plutôt la fin suprême de sa dernière lueur d’espérance et son abandon complet au désespoir. C’était bien là le nom de la maladie sous laquelle fléchit à la fin l’esprit fier et courageux de Dick le Diable. Le désespoir, une curieuse maladie, qui ne peut être guérie par les règles et la discipline, quelques salutaires qu’elles puissent être ; qui ne peut être guérie même par le régime de la pension, qui passait pour être un moyen tout puissant, capable de rétablir quiconque en était favorisé, ni certainement par le docteur de l’asile, qui trouvait le cas de Richard difficile à expliquer, et plus particulièrement difficile alors qu’il n’y avait aucune altération physique à combattre. C’était une maladie physique, parce que le malade devenait chaque jour plus abattu, perdait l’appétit, et ne voulait plus bouger de son lit ; mais c’était la maladie de l’esprit agissant sur le corps, et la guérison de ce dernier ne pouvait être effectuée que par la guérison du premier.

C’est ainsi que Richard, étendu sur son étroite couchette, observait les ombres sur le mur nu et les nuages qui passaient dans le pan de ciel qu’il pouvait apercevoir à travers la croisée grillée en face de son lit, et cela durant les longs jours brillants de soleil et les nuits éclairées par la lune, pendant le mois de septembre.

Une triste après-midi, qu’il regardait le ciel, il vit