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LA TRACE

Mosquetti n’est autre ni plus ni moins que le malpropre buveur de petits verres, le joueur aux dominos, le choriste à trente francs d’appointements par semaine. Son talent, qui le rendait capable de chanter un air en imitant dans la perfection le ténor du jour, lui a permis aussi, avec un peu de travail et un peu moins de verres de vin et de parties de dominos, de devenir, lui aussi, un ténor à la mode, dont les triomphes ont été consacrés à Milan, à Naples, à Vienne et à Paris.

Et pendant tout ce temps Valérie de Marolles a les yeux fixés sur la scène, semblable à celle où, il y a des années, elle a vu si souvent celui qu’elle aimait, et qu’elle ne devait plus revoir sur la terre. Cette faible ressemblance, cette similitude dans la démarche, dans la voix et dans les manières, que Moucée a empruntées à Gaston de Lancy, la frappe très-fortement. La ressemblance n’est pas grande, excepté quand l’acteur s’applique à imiter l’homme auquel il ressemble ; dans ce cas, vraiment, comme nous le savons, il est remarquable ; mais n’importe quand, c’est assez pour porter un coup cruel à ce cœur désespéré, rempli d’affliction et de remords, dont toutes les pensées et tous les souvenirs ne sont que trop propres à réveiller ce passé terrible et toujours présent.

Cependant, les Cherokées expriment très-franchement leur opinion sur le compte de M. de