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DU SERPENT.

Par groupes de deux et de trois, les Cherokécs arrivèrent dans le parterre, sous la conduite de M. Cordonner, qui, pour rendre service à un ami, s’efforçait de faire violemment une trouée pour atteindre l’endroit où se tenaient Richard et l’agent de police. L’un après l’autre, ils examinèrent longtemps, à travers la très-puissante lorgnette qui facilitait leur inspection, les traits paisibles de Victor de Marolles.

Ce gentleman ne songeait guère à ces amateurs, ou plutôt à cette bande dévouée de police, formée dans le but spécial de découvrir le crime qu’il était soupçonné d’avoir commis. L’un après l’autre, les Joyeux enregistrèrent son beau visage dans leur mémoire, et avec une cordiale poignée de main jurèrent à Richard de le servir, en n’importe quel endroit et en n’importe quelle circonstance, de près ou de loin, lorsqu’ils pourraient découvrir l’occasion de le faire. Et pendant tout ce temps le comte reste complètement impassible. Non tout à fait impassible cependant lorsqu’au second acte, il reconnaît dans Edgardo, le nouveau ténor, le héros de la soirée, son ancienne connaissance du Théâtre-Italien de Paris ; le choriste, l’imitateur, M. Paul Moucée. Cet habile artiste ne s’est pas soucié de reprendre un instrument qui, lui ayant servi une fois, a été jugé devoir être mis de côté, pour n’être plus jamais employé. En effet, ce signor Paolo