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LA TRACE

CHAPITRE IV.

LE CAPITAINE, LE CHIMISTE ET LE LASCAR.

Dans le salon d’une maison située dans une petite rue débouchant sur Regent Street sont réunies trois personnes, dans la matinée du jour qui a suivi l’aventure de l’Opéra. Il serait presque difficile de se figurer trois personnes plus dissemblables entre elles que celles qui composent ce petit groupe. Sur un sofa, près de la croisée ouverte, par laquelle arrivent dans l’intérieur les brises de l’automne, en passant par-dessus des caisses de fleurs couvertes de la poussière de Londres, repose un gentleman dont le visage bronzé et barbu, le cachet militaire même de son costume négligé du matin, annoncent être un militaire. Elle est vraiment belle la figure de ce militaire, quoique tout à fait brunie par le soleil des tropiques, et recouverte en majeure partie par une moustache et une barbe noires qui voilent en quelque sorte l’expression de sa bouche, et dénaturent le caractère individuel de sa figure. Il est occupé à fumer une pipe à long tuyau de meri-