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DU SERPENT.

sier, dont le fourneau repose sur le parquet. À une courte distance du sofa sur lequel il est étendu, un domestique indien est assis sur le tapis et surveille le fourneau de la pipe, prêt à le remplir quand il est épuisé, et il lance de temps en temps un regard sur le grave visage de l’officier, ayant un air d’affection profonde dans ses yeux noirs et doux.

Le troisième personnage, dans le petit salon, est un homme pâle, maigre, ayant l’air d’un savant ; il est assis devant un bureau placé dans un angle éloigné de la croisée, au milieu de papiers et de livres qui sont entassés en piles irrégulières sur le plancher autour de lui. Livres et papiers étranges ! des cartes mathématiques portant des figures comme jamais peut-être n’en imaginèrent Newton et Laplace ; des volumes aux reliures mangées par les vers, écrits dans des langues étrangères, depuis de longues années mortes et oubliées ; mais tout cela paraît familier à cet homme pèle, dont les lunettes bleues sont penchées sur de grossiers caractères arabes, qu’il lit avec ardeur et avec autant d’intérêt qu’une jeune pensionnaire dévore le dernier roman paru. Par intervalles, il griffonne quelques figures, un signe algébrique, ou une phrase en arabe sur le papier qui est devant lui, puis s’acharne de nouveau sur le livre, ne levant jamais les yeux sur le fumeur ni sur le domestique indou. Bientôt le militaire, après