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DU SERPENT.

voir ; le coup m’étourdit ; quand je recouvrai mes sens, j’étais dans un hôpital où je restai pendant des mois. Le choc avait produit ce que les médecins appellent une fièvre nerveuse ; pendant très-longtemps je fus absolument incapable de travailler ; quand je quittai l’hôpital, je n’avais pas un ami dans le monde ; mais la bonne dame, la sœur de mon pauvre maître assassiné, me donna de l’argent pour retourner dans l’Inde, où je fus quelque temps le kitmutghar d’un colonel anglais dans la famille duquel j’appris la langue, et que je ne quittai que pour entrer au service du bon capitaine. »

Le bon capitaine pose sa main d’une manière affectueuse sur la tête de son domestique, coiffée d’un turban blanc, avec le geste tout à fait protecteur avec lequel il aurait caressé un chien fidèle et favori.

« Ensuite, vous m’avez sauvé la vie, Mujeebez, dit-il.

— Je serais mort pour vous la sauver, sahib, répondit l’Indou ; une bonne parole pénètre profondément dans le cœur d’un Indien.

— Et il n’y avait aucun doute sur la culpabilité de ce neveu ? demanda Blurosset.

— Je ne puis le dire, sahib. Je ne connaissais pas la langue anglaise alors ; je ne pus rien comprendre de tout ce qu’on me dit, excepté que le neveu de mon pauvre maître n’avait pas été pendu, mais qu’il avait été enfermé dans une maison de fous.