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LA TRACE

— Le vîtes-vous, ce neveu ?

— Oui, sahib, le soir avant le meurtre. Il vint dans la chambre avec mon maître, quand je me retirais pour me coucher ; je ne le vis qu’une minute, car je quittais la pièce comme ils entraient.

— Le reconnaîtriez-vous ? demanda le savant.

— N’importe où, sahib. C’était un beau jeune homme aux yeux d’un brun clair et au sourire franc ; il n’avait pas l’air d’un assassin.

— C’est presque une règle sûre pour se méfier, n’est-ce pas, Laurent ? demanda le capitaine avec un amer sourire.

— Je ne sais ! Un cœur plein de noirceur trace sur la plus belle figure des lignes étranges, qui sont significatives pour un observateur attentif.

— Maintenant, dit l’officier en se levant et déposant sa pipe entre les mains de son vigilant domestique ; maintenant, à ma promenade à cheval du matin, et vous aurez la place libre pour vos scientifiques visiteurs, Laurent.

— Vous n’irez pas où vous rencontreriez probablement…

— Quelqu’un que je connais ? non, Blurosset. Plus le chemin est solitaire et plus je l’aime. Il me manque les jungles épaisses et la chasse au tigre, n’est-ce pas, Mujeebez ? Cela nous manque ; ne regrettes-tu pas les chasses d’autrefois dans l’Inde ? »