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LA TRACE

ches la tracassaient, et il a envoyé à sa place ce jeune homme, qui est entièrement neuf à la besogne, mais qui est désireux de faire de son mieux. »

Le nouveau laitier entre dans la cuisine à la fin de ce discours, et, se débarrassant de ses bidons, déclare qu’il est disposé à réparer toute erreur dans le compte.

Il a tout à fait bon air, ce laitier ; sa tête est toute bouclée de cheveux d’un blond doré, ses sourcils étonnamment clairs, mais il a des yeux d’un brun noisette, qui forment un contraste très-piquant. J’ose dire que mistress Moper et Liza ne lui trouvent pas mauvaise tournure, car elles l’invitent à s’asseoir, et la laveuse de vaisselle jette les bas noirs, avec lesquels elle était précédemment aux prises, dans le tiroir d’une table, et lisse à la hâte ses cheveux avec la paume de sa main. L’homme de M. Budgen ne paraît en aucune façon éloigné d’entamer une petite causerie amicale ; il leur dit combien il est neuf à la besogne, comment il n’aurait pas songé à choisir pour métier celui de nourrisseur, s’il avait connu sur cette profession tout ce qu’il sait aujourd’hui ; combien il entre de choses dans le commerce du lait, telles que la cervelle de cheval, l’eau chaude, la mélasse, et autres substances de ce genre qui répugnent à sa conscience ; comment il est nouveau à Londres et