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DU SERPENT.

domestiques fassent souvent de semblables choses) ils viennent à causer de leurs maîtres et de leurs maîtresses. Le laitier semble prendre un grand intérêt à leur maître, et, oubliant dans combien de nombreuses maisons le liquide innocent qu’il distribue peut être réclamé, il reste les coudes appuyés sur la table de cuisine à écouter les observations de mistress Moper, et, de temps à autre, quand elle s’éloigne du sujet, il l’y ramène par une adroite question. Elle ne sait pas grand’chose sur le comte, dit-elle, car tous les domestiques qui les servent sont nouveaux ; ils n’ont amené avec eux de l’Amérique du Sud que deux personnes : le chef, M. Saint Mirontaine, et la femme de chambre française de la comtesse, Mlle Finette. Mais elle pense que M. de Marolles est très-hautain et aussi fier qu’il est haut placé, et que madame est très-malheureuse, quoiqu’il soit difficile de rien savoir de ce qui en est avec ces bouches closes, monsieur Volpes, et madame, ajoute-t-elle, a un air mélancolique qui est peut-être à la mode en France, que sais-je ?

« Il est Anglais le comte, n’est-ce pas ? demande M. Volpes.

— Anglais ! que Dieu vous bénisse, non pas. Ils sont Français tous les deux ; elle est d’origine espagnole, je crois, et ils ont vécu depuis leur mariage le plus souvent dans l’Amérique espagnole. Ils parlent toujours français entre eux, quand ils se par-