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LA TRACE
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point d’Alençon, et viennent se mêler au parfum des violettes d’automne qui se flétrissent dans des caisses de Dresde sur le balcon du salon, prêtant l’éclat de leurs diamants à la lumière du gaz devant la porte, et le feu de leurs yeux pour rehausser celui des diamants susdits, balayant la poussière d’automne et la rosée du soir de leurs riches vêtements de soie, merveilles de Lyon et de Spitalfields, et honorant le sol sur lequel elles marchent.

Ce soir-là, une rangée de croisées, au moins, de Belgrave Square est brillamment éclairée. Le mercredi musical de lady Londersdon, le dernier de la saison, a été inauguré avec éclat, par une scène chantée par la signora Scorici, du Théâtre de Sa Majesté et des concerts de la noblesse, et M. Argyle Fitz Bertram, le célèbre baryton anglais, le plus bel homme d’Angleterre, vient d’ébranler le square avec le duo bouffe de la Cenerentola, dans l’exécution duquel, lui Argyle, a si complètement enfoncé le gracieux ténor, le signor Maretti, que ce gentleman a sérieusement pensé à appeler en duel le baryton pour le lendemain matin ; idée qu’il eût mise à exécution si Argyle Fitz Bertram n’eût pas été un terrible casseur, et l’élève favori de M. Angelo par-dessus le marché.

Le grand Argyle lui-même, relevé à ses yeux par l’impasse désespérée où il s’est placé en faisant une cour toute platonique à une grasse duchesse de cin-