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DU SERPENT.

lée par eux, car elle fixe profondément ses yeux sur le signor Mosquetti, comme si elle attendait sa réponse.

« Et cet homme, milord ? dit interrogativement Mosquetti.

— Ce pauvre garçon est mort. »

Valérie, en ce moment, pâle d’une pâleur plus grande que de coutume, écoute comme si toute son âme était suspendue aux paroles qu’elle entend.

« Il est mort, continua le gentleman ; il est mort jeune, à l’apogée de sa réputation, son nom était… Laissez-moi me souvenir. Je l’ai entendu à Paris la dernière fois. Son nom était…

— De Lancy, peut-être, milord ? dit Mosquetti.

— C’était de Lancy, oui. Il avait dans la voix des notes d’un timbre particulier et très-belles en même temps, et vous me paraissez avoir les mêmes. »

Mosquetti s’inclina beaucoup à ce compliment.

« C’est singulier, milord, dit-il, mais je doute que ces notes me soient tout à fait naturelles. Je suis un peu doué du talent d’imitation et à une époque de ma vie j’avais l’habitude d’imiter ce pauvre de Lancy, dont j’admirais beaucoup la manière de chanter. »

Valérie étreint si énergiquement son éventail fragile dans sa main nerveuse que le groupe de courtisans et de belles dames, du temps de Louis XIV, exécutant une danse quelconque sur un nuage bleu,