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LA TRACE

sont broyés et mis en pièces, tandis qu’elle écoute cette conversation.

« J’étais, lorsque je connus de Lancy, simple choriste au Théâtre Italien de Paris. »

Les personnes qui écoutent se rapprochent et forment un cercle autour de Mosquetti, qui est le lion de la soirée ; Argyle Fitz Bertram dresse lui-même les oreilles et abandonne la duchesse pour entendre cette conversation.

« Un infime choriste, murmura-t-il à lui-même. Assiste-moi, Jupiter, je savais bien qu’il n’était rien du tout. »

« Cette passion d’imiter, dit Mosquetti, était si grande que j’acquis une espèce de célébrité dans l’intérieur du théâtre et même hors de ses murs. Je pouvais imiter de Lancy peut-être mieux que tout autre, car on disait que je lui ressemblais par la taille, la figure et l’ensemble général.

— En effet, dit le gentleman, vous ressemblez beaucoup à ce pauvre garçon.

— Cette ressemblance, un jour, donna lieu à une véritable aventure, mais je craindrais de vous fatiguer en vous la racontant. »

Il promena ses yeux autour de lui. Il s’éleva un murmure général.

« Nous fatiguer ! non ; vous nous enchantez, vous nous ravissez, vous nous charmez au delà de toute expression ! »