Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
DU SERPENT.

glisse furtivement, tantôt à quelques pas derrière, tantôt à cent mètres de l’autre côté de la rue, disparaissant parfois dans l’ombre d’un couloir, apparaissant de nouveau plus tard au coin de la rue, mais ne perdant jamais de vue le comte de Marolles et la marchande de violettes, pendant que ceux-ci dirigent leurs pas du côté de Seven Dials.

Dieu nous garde de les suivre à travers tous les tours et détours de cet odorant quartier, dans lequel abondent, émanations nauséabondes, aspects dégoûtants et langage grossier ; May Fair et Belgrave s’en éloignent en frémissant, comme d’un malade qu’elles préfèrent laisser seul, et d’une maladie qui pourrait être guérie si l’on voulait, non par elles, nées pour des destinées plus hautes que de réparer des mécanismes dérangés, ou d’accomplir une révolution pour détrôner la monarchie légitime de la Famine et de la Fièvre, sans parler de l’impudeur, de la saleté, de l’ivrognerie, du vol et du meurtre. Quand John Jones, fatigué du monotone passe-temps de frapper le crâne de sa femme avec un tisonnier, viendra à Lambeth assassiner l’archevêque de Cantorbéry par amour de l’argenterie, ce sera le moment, aux yeux de Belgrave, de réformer John Jones ; jusque-là, nous trouvons dix mille fois préférable de nous occuper du Théâtre de Sa Majesté et du Tattersall, et John Jones (qui, indigne républicain, dit qu’il doit avoir aussi ses