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LA TRACE

mon chéri. C’est quelque chose, d’avoir un marquis pour gendre, n’est-ce pas, mon chéri, n’est-ce pas ? marmotte la vieille sorcière moribonde.

— Un marquis pour gendre ! que veut dire cette vieille radoteuse idiote ? murmura Raymond ; le respect pour sa grand’mère n’étant pas un des traits les plus prononcés de son caractère ; un marquis ! Je crois bien que le vénérable auteur de mes jours tenait une auberge ou quelque établissement de ce genre. Un marquis ; le marquis de Gramby, très-probablement.

— Oui, un marquis, continua la vieille femme. Qu’en dites-vous, mon chéri ? et il épousa votre mère, et il l’épousa à l’église de la paroisse, par une froide et sombre matinée de novembre ; et j’ai le certificat… Oui, marmotta-t-elle en réponse à un geste impatient de Raymond, j’ai le certificat, et je ne suis pas disposée à vous dire où il est ; non, non pas avant d’être payée. Je dois avoir pour ce secret de l’or, de l’or ! On dit que nous dormons plus à l’aise dans le cercueil en ayant de l’argent enterré avec nous ; moi j’aimerais à reposer en ayant jusqu’au cou des souverains d’or, des souverains nouveaux sortant de la Monnaie, pesant tout leur poids et non rognés.

— C’est bien, dit Raymond avec impatience ; votre secret ; je suis riche, et je puis vous le payer. Votre secret, vite.