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DU SERPENT.

pénétrer par moments une bise glacée quand le vent souffle violemment.

C’est dans un de ces greniers que la femme conduit Raymond ; sur un lit, ou une façon de lit, quelque chose fait de pièces et de morceaux, de paille et de guenilles, qui porte le nom de lit dans cette extrémité de la ville, est couchée la vieille femme que nous avons déjà vue dans Peters l’aveugle.

Huit années, plus ou moins, n’ont pas eu certainement pour résultat de rehausser les charmes de cette femme et il y a aujourd’hui sur son visage une expression plus terrible que celle d’une vieillesse misérable ou d’une ivrognerie de femme : c’est la mort qui répand sur son teint les nuances livides que de tous les cosmétiques d’Atkinson ou de Burlington Arcade ne parviendraient jamais à cacher. Raymond n’est pas venu trop tôt pour entendre un secret de ces lèvres de spectre. Il s’écoule un certain temps avant que la femme que nous avons appelée autrefois Sillikens puisse faire comprendre à la mourante qui est ce beau gentleman et ce qu’il désire ; et même quand elle a réussi à se faire comprendre entièrement, le langage de la vieille femme est rempli d’obscurité et bien capable de fatiguer la patience d’un homme plus complaisant que le comte de Marolles.

« Oui, c’est un secret d’or ; un secret d’or, eh,