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LA TRACE

ces deux odeurs, elles me rendent malade, moi qui ai mangé plus de séné tout sec pour passer le temps, et ai croqué plus de pilules noires pour m’amuser, qu’aucun autre garçon de docteur de ce côté-ci de l’eau. »

Gus est assis dans le cabinet de chirurgie, jouant l’intelligent et surtout si intéressant jeu de dominos, surtout pour celui qui regarde avec notre connaissance du club des Cherokées Joyeux, M. Peters Cordonner. Une petite cruche, n’ayant aucun des caractères conventionnels d’une poterie, goulot et anse, et bouchée avec le foulard de M. Cordonner pour emprisonner les subtiles essences de la boisson qu’elle contient, est placée entre les deux gentlemen ; pendant que Percy, en qualité d’invité, est gratifié d’un véritable grand verre orné seulement de trois échancrures triangulaires sur son bord, Gus puisant le fortifiant liquide avec une tasse à crème, fendue, entourée de papier collé pour empêcher la séparation des deux moitiés, dont deux morceaux semblent parfaitement appartenir au vase de M. P. Cordonner. Devant un maigre feu, se tient agenouillée la jeune domestique du jeune chirurgien, faisant griller des muffins, et offrant aux deux gentlemen une curieuse étude de perspective anatomique et de raccourci, à laquelle pourtant ils ne prêtent pas la moindre attention, leurs facultés étant entièrement absorbées par les morceaux d’i-