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LA TRACE

Ils formaient une très-joyeuse réunion autour de la table à thé, et si personne ne mangeait de muffins, que M. Cordonner appelait des indigestions incorporées, ils riaient beaucoup et causaient encore davantage ; tellement que Percy déclarait que les facultés de son jugement étaient complètement bouleversées, et demandait qu’on l’informât si c’était Richard qui allait marier Gus, ou Gus qui était sur le point de s’unir à la jeune domestique, ou si c’était lui-même, Percy, qui devait contracter un mariage contre son inclination, chose qui, vu sa disposition facile, et aimant la paix, n’était pas si invraisemblable, ou, en un mot, pour user de son langage expressif, « pourquoi tant de tapage dans l’air ? »

Personne cependant ne prit la peine d’éclaircir les doutes de Percy Cordonner, et celui-ci absorba son thé avec une parfaite satisfaction, mais sans sucre, et dans un épais brouillard intellectuel.

« Il importe peu, murmura-t-il ; peut-être Richard devient-il ambitieux et veut-il être élu lord maire de la ville de Londres, et mes enfants alors liront ses aventures, dans un Pinnock à venir, qu’ils pourront comprendre. C’est une grande affaire que d’être enfant, et de comprendre ces sortes de choses. Quand j’avais six ans, je savais quelle femme avait épousé William Rufus, et combien de personnes avaient péri dans la peste de Londres. Je ne