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LA TRACE

lement vous prouver que je n’étais pas votre dupe. Je présume que vous devez être actuellement suffisamment convaincu de ce fait. Si vous avez quelque bon madère dans vos celliers, j’en prendrais volontiers un verre avant d’entendre ce que ma nièce peut avoir à me dire. »

Il se renverse dans son fauteuil, bâille une ou deux fois, et polit le Marc Antoine avec le coin de son mouchoir ; il a évidemment éloigné de son esprit le sujet dont il vient de parler, et il est disposé à une agréable conversation.

En ce moment la porte s’ouvre violemment et Valérie entre dans la chambre.

C’est la première fois que Raymond la voit depuis la soirée de l’histoire de Mosquetti, et lorsque ses yeux rencontrent les siens, il tressaille involontairement.

Que s’est-il passé ! Ce changement, cette transformation, qui a enlevé huit années de l’âge de cette femme et lui a rendu l’apparence qu’elle avait dans la soirée où il la vit pour la première fois à l’Opéra de Paris. D’où vient-elle ? Que s’est-il passé ? Une si grande et si merveilleuse transfiguration, qu’il est presque amené à douter que ce soit bien elle ; et cependant il peut à peine définir cette métamorphose. Elle lui semble une transformation, non du visage, mais de l’âme ; une nouvelle âme perçant à travers la beauté primitive, une nouvelle âme,