Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
271
DU SERPENT.

rendit mon titre et l’unique château (mes ancêtres en avaient plusieurs) que les Jacobins n’eussent pas brûlé jusqu’aux fondations, ne me rendit pas la fortune que la Révolution avait dévorée. J’étais pauvre ; une seule voie m’était ouverte, un riche mariage ; l’opulente veuve d’un général bonapartiste vit et admira votre humble serviteur, et la destinée de ma pauvre petite femme fut décidée. Pendant plusieurs années, j’envoyai régulièrement de l’argent à sa vieille mère, une horrible femme qui connaissait mon secret. Elle n’eut par conséquent aucun motif de mourir de faim, monsieur de Marolles. Et maintenant puis-je me permettre de vous demander quel intérêt vous avez dans cette affaire, pour que vous insistiez à me rappeler ces très-désagréables circonstances, et particulièrement en ce moment ?

— Il est une question que vous ne m’adressez pas, monsieur le marquis.

— Vraiment, et quelle est-elle ? demanda le marquis.

— Vous paraissez être fort peu curieux de connaître le sort de votre fils survivant.

— Je parais fort peu curieux, mon jeune ami ; je suis fort peu curieux. J’ose espérer que c’est un très-digne individu ; mais je n’ai pas la moindre inquiétude sur son sort, car s’il ressemble le moins du monde à son père, il y a très-peu à douter qu’il