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LA TRACE

les portraits, par-dessus ses larges épaules, moitié plus fortes que celles du Mignon dans l’attitude du combat. Là M. Marmaduke Montressor, le grand tragédien, regardant d’un air renfrogné, dans le rôle de Richard III, Pyrrhus Ier, vainqueur du dernier Derby ayant eu lieu depuis plus de quatorze ans. Ici encore Mlle Pasdebasque pointait sa pantoufle de satin côte à côte avec le jeune Challoner de cette époque ; et en face de Mlle Pasdebasque, un gentleman en écarlate, au nom inconnu, franchissait sur un cheval couleur de terre de Sienne brûlée, parfaitement conservé et abondamment couvert de vernis, un fossé bleu de Prusse, ce qui faisait vivement craindre à l’observateur qu’il fût, non pas noyé, mais teint. Quant à Brandolph du Brand, il y avait de si nombreux portraits de lui et dans des poses si variées, il paraissait partout si beau et si magnanime dans tous ses rôles, que peut-être, après tout, c’était éprouver un complet désappointement que de baisser les yeux des portraits sur l’original revêtu du triste costume de la vie privée, assis devant la petite table brillante d’acajou, prenant sa part des rafraîchissements. Et vraiment si vous aviez le bonheur d’être doué de quelque imagination, vous pouviez être conduit à penser qu’il ne mangeait même pas une rôtie au fromage, en obéissant à un motif égoïste, mais que la consommation de ce comestible était en quelque sorte as-