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DU SERPENT.

de la part de chaque membre de la joyeuse réunion était d’une nature si bruyante et si impérative, qu’un refus ne pouvait être fait que pour cause d’impossibilité morale ou physique, il serait bon de remarquer que la mélodie et l’harmonie pendant cette soirée furent très-incertaines. Annie Laurie était évidemment une jeune femme d’un esprit indécis, et passait d’une façon agréable de C en D et de D en E, et puis revenait avec une habileté digne d’éloges en G pour finir. Le gentleman qui avait du penchant pour le ton de G aurait pu témoigner complètement sa désolation dans cette clef unique sans aucun préjudice, et un autre gentleman qui chantait une chanson comique de soixante-dix couplets de huit lignes ayant quatre lignes de chœur à chaque couplet, aurait mieux fait de s’en tenir à son premier projet de chanter extraordinairement bas, au lieu d’en changer comme il l’avait fait et de chanter extraordinairement fort. Il est bien entendu que dans un chœur chaque chanteur a le droit de choisir le ton qui lui convient, ou autrement où serait la liberté individuelle ? Inutile aussi de faire allusion à cette circonstance. Mais la fête est terminée, et les convives de M. Hemmar se sont levés pour partir ; cette action de se lever pour partir n’a nullement été chose aussi insignifiante qu’ils la croyaient. Il est vraiment difficile, malgré tout dans une telle atmosphère de tabac, de trouver la porte, et c’est