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LA TRACE

M. Peters, ne faisant plus sa résidence dans la ville, avait établi sa demeure dans une hôtellerie ; et, chose étrange, il avait choisi cette petite auberge sur le bord de la rivière, dans laquelle il a entendu la conversation entre le maître d’étude et la jeune paysanne, dont les détails sont déjà connus du lecteur.

Il a eu un but particulier dans le choix de ce logis, car les Délices du batelier ne sont pas capables d’offrir beaucoup d’attraits à tout autre qu’à un batelier. Il est vraiment difficile de deviner ce que peuvent être les délices spéciales du batelier, pour que les membres de cette corporation puissent les trouver réunies dans la taverne du bord de l’eau dont nous parlons. Les délices du batelier consistent évidemment dans la non-propreté, ou bien ils iraient ailleurs à la recherche de cette vertu. Le batelier ne peut pas non plus rechercher la politesse dans ceux qui le servent, car l’hôtelier et cette jeune personne en savates, qui est fille de comptoir, caissière, valet d’écurie, cuisinière, femme de chambre et garçon de salle tout à la fois, sont notoirement bourrus dans leur conversation avec leurs clients, et ont un air maussade et insolent, très-désagréable pour le chaland susceptible. Mais si, d’un autre côté, les délices du batelier consistent par hasard dans la saleté, l’humidité, la mauvaise cuisine et un détestable service, enfin en boissons dans lesquelles le petit verre