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DU SERPENT.

d’eau-de-vie se contracte en boule, comme s’il se déclarait propriété exclusive du tavernier, en surnageant d’un air de triomphe, et en refusant opiniâtrement d’aller au fond, si de tels arguments ont les délices du batelier, certes, il les trouve là.

Quoi qu’il en soit, c’est aux Délices du batelier qu’aborde M. Peters, le jour même de l’arrestation du comte, un filet dans une main, et une ligne à pêcher dans l’autre. La personne qui l’accompagne n’est autre que M. Auguste Darley. Ce dernier gentleman descendit les marches des Délices.

Le client, soit dit en passant, était généralement initié aux agréments de cette hôtellerie en gisant ou en tombant sur le seuil, et en venant saluer avec son organe olfactif une espèce de couche épaisse formée de sciure de bois et de porter, qui constituait la partie supérieure du plancher. Le néophyte des mystères des rose-croix et de la franc-maçonnerie a, je crois, à subir des épreuves désagréables avant d’être complètement initié aux secrets du temple ; pourquoi alors le chaland des Délices n’aurait-il pas eu sa cérémonie d’initiation ? M. Darley échappa, néanmoins, avec quelques précautions, à ce danger, et entra sain et sauf dans la salle du comptoir, occupé par la susdite maussade donzelle en savates.

« Pourrait-on avoir un lit ? demanda M. Darley ; ou plutôt deux lits ? »