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LA TRACE

« Chut ! dit l’enfant, levant son doigt en signe d’avertissement, restez sombre. »

Richard ne savait pas positivement ce que voulait dire restez sombre ; mais comme, mentalement et physiquement, il s’était résigné sans effort à suivre la direction de son petit compagnon, il resta parfaitement calme, et ne prononça aucune parole.

Pour obéir à ce jeune guide il mangea aussi son déjeuner, jusqu’à la dernière bouchée de la portion réglementaire de pain et jusqu’à la dernière cuillerée de la ration réglementaire de café, y compris même, le marc (qui dominant dans ce liquide, formait une espèce de dépôt au fond du bidon, communément appelé par les pensionnaires de l’asile, l’épais) car, comme le dit l’enfant, ce marc est fortifiant. Le déjeuner terminé, le médecin de l’asile arriva, dans le cours de sa ronde matinale, pour faire sa visite à la cellule de Richard. Sa science était à bout, il n’avait pu parvenir à trouver un traitement pour l’étrange maladie dont le prisonnier était atteint. Un des caractères principaux de la maladie de ce jeune homme, ayant été la perte complète d’appétit et l’absence presque absolue de sommeil, lors donc qu’il apprit que son malade avait bien mangé à souper, bien dormi toute la nuit, et finissait à peine d’absorber son déjeuner réglementaire ; il dit :

« Allons, allons, nous sommes mieux, puisque