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LA TRACE

commodité, Sararanne), Sararanne leur donnerait tout ce qu’ils pourraient désirer, tout de suite. »

La pauvre Martha fut complètement désolée en apprenant que tout ce qu’ils désiraient était de visiter la chambre dans laquelle le meurtre avait été commis.

« Est-elle dans le même état où elle se trouvait à cette époque ? demanda Gus.

— On n’y avait jamais touché, leur assura mistress Jones, depuis cette sinistre époque. Telle avait été la volonté de sa maîtresse ; elle avait été tenue propre et aérée ; mais pas le moindre objet de l’ameublement n’avait été dérangé. »

Mistress Jones était atteinte de rhumatismes et bougeait rarement de son siège d’honneur à côté de la cheminée ; aussi Sararanne fut envoyée, avec un trousseau de clefs dans la main, pour conduire les gentlemen dans la chambre en question.

Pour le moment, deux choses paraissaient très-évidentes dans les manières de Sararanne : la première, c’est qu’elle était enchantée de l’idée de pouvoir coqueter avec le brillant M. Darley ; la seconde, qu’elle ne se souciait aucunement d’ouvrir la chambre en question et d’y entrer ; aussi, entre le désir de séduire et sa frayeur indomptable de voir disparaître quelqu’un devant elle, il s’établit dans son esprit un combat dont les effets étaient pénibles à voir.