Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
DU SERPENT.

trapé un seul petit animal dans ces mêmes bosquets ; ils avaient disposé une escarpolette sous les tilleuls là-bas, et construit une fontaine qui n’avait jamais coulé, mais qui avait dû être honteusement approvisionnée avec des cruches d’eau, qu’on remuait à la cuiller, comme un pouding, avant que le jet de cristal voulût consentir à monter. Un millier de souvenirs de cette époque enfantine revinrent à son esprit, et avec eux la pensée que le petit garçon en blouse brodée était maintenant un paria de la société, supposé mort, et que son nom était entaché des qualifications de fou et de meurtrier.

La servante de Martha, jeune paysanne aux joues roses, descendit l’avenue au bruit retentissant de la cloche, et resta pétrifiée à l’apparition des deux gentlemen, l’un d’eux dans un costume aussi éclatant que notre ami, M. Darley.

Gus dit à la jeune domestique qu’il avait une lettre pour mistress Jones. Jones était le nom de famille de Martha ; le titre de mistress était une distinction honorifique, le sacrement du mariage étant une des calamités que la digne femme avait évitées. Gus apportait un billet de la maîtresse de Martha, qui lui assurait un chaleureux accueil.

« Les gentlemen voudraient-ils prendre du thé ? » dit Martha.

« Sararanne (le nom de la jeune domestique était Sarah Anne, prononcé à la fois par euphonie et