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LA TRACE

Il détourna la tête en parlant, et se coucha en silence, tournant le dos à l’excellent docteur.

« Pas de reproches sur sir Hudson Lowe, j’espère ? dit l’homme de l’art, on vous donne tout ce que vous désirez, général ? »

Le bon docteur, avait si bien pris l’habitude de complaire à ses malades, qu’il avait toujours leurs titres sur le bout de la langue, et suivait parfaitement en cela les traces du Pinnock de Goldsmith.

Le général ne répondant pas à la question, le docteur porta les yeux du prisonnier à l’enfant, qui, par considération pour l’homme de l’art, descendit de sa chaire, et se tint debout, tirant une très-petite mèche de cheveux, avec un geste qui voulait représenter un salut.

« Demande-t-il quelque chose ? dit le docteur.

— Ne demande-t-il pas ? dit l’enfant, répondant à une question par une autre. Il n’a fait autre chose que de toujours demander une goutte de vin. Il dit qu’il se sent une espèce de faiblesse, que le vin seul pourrait guérir.

— Il en aura, alors, dit le docteur ; un peu de vin de Porto légèrement ferré lui fera plus de bien que toute autre chose, et assurez-vous par vos yeux qu’il le prend. Je lui ai donné il y a quelque temps du quinquina, et cela a si peu réussi à lui donner des forces, que quelquefois je me mets à douter qu’il l’ait pris. S’est-il plaint de quelqu’autre chose ?