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LA TRACE

occupé à les diriger, quand le capitaine du steamer dit à l’étranger de Liverpool, qui restait à flâner au bas de l’échelle en ayant M. Peters à côté de lui :

« Allons donc, monsieur, si vous devez partir par le Washington, on va donner le signal ; nous allons nous éloigner dès qu’on aura fini cette corvée. »

L’étranger de Liverpool, au lieu de se conformer à cette très-naturelle injonction, chuchota quelques mots à l’oreille du capitaine, qui prit un air très-sérieux en l’écoutant, et, s’avançant ensuite vers le gracieux gentleman, très-inquiet et très-préoccupé de la manière dont on allait hisser le cercueil sur le pont du vaisseau, posa lourdement sa main sur l’épaule de celui-ci, et dit :

« Je demande que le couvercle de ce cercueil soit enlevé avant d’être hissé par ces hommes. »

Un changement tel s’opéra sur le visage du gentleman aux aimables manières, qu’il n’aurait pu s’en opérer un semblable que sur le visage d’un gentleman qui comprend qu’il joue une partie désespérée, et bien convaincu qu’il l’a complètement perdue.

« Mon bon monsieur, dit-il, vous êtes fou. Pas pour la reine d’Angleterre je ne consentirais à dévisser le couvercle de ce cercueil.

— Je ne pensais pas que cela pût vous causer autant de peine, dit l’autre tranquillement. Je doute