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DU SERPENT.

cause. Ainsi, si on allait dans High Street, en pénétrant dans ce passage qui communique avec la place du marché, on eût entendu que ce de Marolles était un Français noble, qui avait traversé la Manche sur un canot dans la nuit du meurtre, était allé à pied de Douvres à Slopperton, et par conséquent n’avait pas fait moins de deux cents milles par le plus court chemin, et était retourné à Calais de la même manière. Si ayant des doutes sur le récit de cette pérégrination, à cause des légères contradictions de temps et d’espace, on eût poursuivi l’enquête un peu plus loin en descendant la même rue, on eût probablement appris que de Marolles n’était pas le moins du monde français, mais le fils d’un ecclésiastique d’un comté voisin, et que son infortunée mère était en ce moment même agenouillée dans la salle du trône au palais de Buckingham, en train de solliciter le pardon de son fils comme se rattachant à l’intérêt du clergé. Si cette histoire eût frappé plutôt par son caractère romanesque que par sa vraisemblance, on n’avait qu’à tourner au coin pour entrer dans la rue du petit marché, un quartier tout à fait pauvre, et principalement habité par des bouchers et par le commerce des tripes et des pieds de vache, on eût pu être rassasié d’horreurs : les citoyens de cette localité ayant la ferme conviction que le prisonnier actuellement enfermé dans la prison de Slopperton n’est ni plus ni moins qu’un