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LA TRACE

un pareil ; et à la lumière bleue je vis la figure plus clairement que je n’aurais pu le faire en plein jour. Je crus que j’allais tomber foudroyé. C’était Jim ! Jim, que je connaissais aussi bien que moi-même, mort à mes pieds. Ma première pensée fut que ce jeune homme qui ressemblait tant à Jim avait assassiné celui-ci ; mais il n’y avait aucune trace de violence sur le corps. Certainement, il n’y avait aucun doute dans mon esprit que ce ne fût Jim, mais encore, en y réfléchissant, je me dis : « Tout semble sens dessus dessous cette nuit, aussi vais-je m’assurer de la chose. » En conséquence, je soulevai son bras et relevai la manche de son habit. Maintenant, voici pourquoi je faisais cela. Il y avait une jeune femme dont Jim était éperdument amoureux, et qui s’appelait Bess, quoique lui et beaucoup d’autres l’appelassent Sillikins, tout court ; et un certain jour que Jim et moi étions au cabaret, nous nous trouvâmes y rencontrer un matelot que nous connaissions tous les deux avant qu’il allât à la mer. Il nous raconta donc ses aventures et autres choses de ce genre, quand il nous dit tout à coup : « Je veux vous montrer quelque chose de joli ; » et aussitôt il releva la manche de son garnsey, et sur tout son bras il y avait toutes sortes de peintures faites avec de la poudre, telles que des cœurs enflammés, Rule Britannia, et des vaisseaux à voiles déployées sur le dos de serpents volants. Jim eut