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DU SERPENT.

laisser là le corps, et alors nous le prîmes sur le camion, et le déposâmes sur l’herbe, alors que la pluie tombait dru et que les coups de tonnerre et les éclairs se succédaient rapides dans le ciel. « Et maintenant, dit-elle, ce que vous avez à faire est de retourner d’où vous êtes venu, et de ne pas perdre votre temps aux environs ; et faites attention, ajouta-t-elle, que si jamais vous parlez ou bavardez sur cette affaire, ce sera la fin de votre bavardage dans ce monde. » Et sur ce, elle me regarda comme une vieille sorcière qu’elle était, et me montra en bas la route de son bras décharné. Je reprends donc le chemin que j’avais suivi d’abord ; mais je n’étais pas très-loin, quand je vois tout à coup la vieille sorcière courant vers la ville aussi vite qu’elle pouvait traîner ses jambes. « Oh ! dis-je, vous êtes une rusée coquine, en vérité ; mais je verrai malgré vous qui est mort. » Aussi, je grimpai à l’endroit où nous avions laissé le cadavre, et là je m’aperçus bien que mes soupçons étaient vrais ; car le corps était maintenant tout découvert, la face regardant le ciel sombre, et il était habillé, autant que je pus le voir, tout à fait comme un gentleman, tout en noir ; mais la nuit était si épaisse que je ne pouvais remarquer le visage, quand tout à coup, pendant que j’étais agenouillé et que je l’examinais, arrive un éclair qui brilla si longtemps que je ne me souviens pas d’en avoir vu