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LA TRACE

En vain le défenseur du prisonnier interrogea-t-il de nouveau et chercha-t-il à embarrasser les témoins.

Les témoins pour la défense étaient peu nombreux. Un Français, qui se disait chevalier de la Légion d’honneur, échoua d’une manière signalée en s’efforçant de prouver un alibi, et fit beaucoup de tort à la défense. Il en parut d’autres, qui jurèrent avoir connu le prisonnier à Paris dans l’année de l’assassinat. Ils ne pouvaient dire s’ils l’avaient vu pendant le mois de novembre de cette année, ce pouvait avoir été plus tôt, ce pouvait avoir été plus tard. Leurs dépositions ayant été examinées contradictoirement, ils se coupèrent honteusement, et reconnurent que ce pouvait bien ne pas avoir été cette année-là après tout. Mais ils l’avaient connu à Paris, vers cette époque. Ils l’avaient toujours cru Français. Ils avaient toujours entendu dire que son père était tombé sur le champ de bataille de Marengo, dans les rangs de la vieille garde. Ils avouèrent tous, dans la suite de leur interrogatoire, qu’ils l’avaient entendu parler anglais plusieurs fois, qu’il parlait, dans le fait, cette langue admirablement, et même comme un Anglais. Il ressortit d’un interrogatoire ultérieur qu’il n’aimait pas être pris pour un Anglais, et qu’il tenait vivement à son origine française ; que personne ne savait qui il était, ni d’où il venait, et que tout ce que l’on pouvait