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DU SERPENT.

ces collecteurs de billets, comme ils vont lentement ! Quelle insupportable lenteur paraissent mettre les vieilles femmes des secondes classes à retirer le document réclamé de leurs sacs ! C’est tout un siècle avant que le train entre gravement dans la gare, et cependant il n’y a que deux minutes d’écoulées à l’horloge de la station.

Où est-il ? Il y a une longue file de wagons, et les yeux plongent avidement dans chacun d’eux. Voici un homme brun et gras, aux larges favoris, lisant son journal. Serait-ce Richard ? Il peut être changé, savez-vous, dit-on ; mais huit années n’auraient jamais pu le changer à ce point. Non ! le voici. Il n’y a pas de méprise possible cette fois. Le beau visage brun, avec l’épaisse moustache noire, et les boucles abondantes de cheveux noirs comme l’aile du corbeau, paraît en dehors d’une voiture de première classe. Dans un instant, il est sur la galerie de la gare, ayant à côté de lui une femme jeune et jolie, qui fond en larmes comme la foule s’empresse autour de lui, et cache sa face sur l’épaule d’une dame âgée ; cette dame âgée est la mère du héros. Comme ils l’entourent avec empressement ! Il ne parle pas, mais il tend ses deux mains, qui sont secouées de manière à être presque arrachées de leurs poignets avant qu’il sache où il se trouve.

Pourquoi ne parle-t-il pas ? Est-ce parce qu’il ne peut pas ? est-ce parce que l’émotion étouffe sa poi-