Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
404
LA TRACE

Sa visite n’était qu’un passage ; le train de nuit devait lui faire traverser le pays pour le conduire à Liverpool, d’où il devait partir le jour suivant pour l’Amérique du Sud. Ce projet, néanmoins, fut tenu profondément secret à la foule, qui aurait peut-être pu insister pour lui donner une seconde ovation. Ce ne fut vraiment pas avec beaucoup de promptitude que se dispersa ce rassemblement enthousiaste ; il stationna longtemps sous les croisées de l’hôtel, il but force ale et porter de Londres sur le comptoir établi à l’angle de la cour des écuries, et refusa fermement de s’éloigner avant d’avoir vu Richard paraître plusieurs fois sur le balcon et de lui avoir adressé de bruyantes et répétées félicitations. Quand Richard fut tout à fait épuisé et que la foule remarqua que cette surexcitation faisait pâlir notre héros, elle s’empara de M. Darley pour en faire un vice-héros, et l’eût porté en triomphe autour de la ville, musique en tête, si celui-ci n’eût prudemment décliné cet honneur. Il fallait qu’elle fît quelque chose, cette foule, et quand enfin elle consentit à s’éloigner, elle vint sur la place du marché pour se battre, non qu’elle fût poussée par quelque idée de pugilat ou de vengeance, mais par la pure nécessité de finir la soirée d’une manière quelconque.

Il ne fut pas possible de s’asseoir pour dîner avant la tombée complète de la nuit, mais enfin les