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LA TRACE

par où commencer, et quand il commence, il s’interrompt pour reprendre de nouveau, d’une façon à la fois affable et égarée.

« Pourquoi Richard ne s’est-il pas réuni à eux plus tôt, demande-t-il, ils sont vraiment si enjoués, et si sociables, pourquoi, au gracieux nom de la divinité (il ouvre ses yeux de toute leur grandeur en prononçant le gracieux nom de la divinité et regarde derrière lui par dessus son épaule, comme s’il croyait plutôt avoir invoqué quelque démon), pourquoi Richard ne s’est-il pas réuni à eux ? »

Richard répond qu’il ne lui avait pas été donné de le faire.

Puis, il le regarde fixement d’un air mystérieux ; il est plein de fierté et porte une coiffure de sa façon, une espèce de couronne faite avec un journal et un mouchoir de poche bleu et blanc à ramages ; il plonge ses mains le plus profondément possible dans les poches de son pantalon, se plante droit devant Richard au milieu de l’allée sablée, avec un coup d’œil particulièrement significatif :

« Est-ce le Khan ? »

Richard dit qu’il ne pense pas.

« Ce n’est pas le Khan, murmure-t-il d’un air pensif, votre opinion est positivement que ce n’est pas le Khan ?

— C’est positivement mon opinion, répond Richard.