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LA TRACE

CHAPITRE IV.

JOIE ET BONHEUR POUR TOUT LE MONDE.

Les dragues arrivèrent-elles à l’asile du comté à temps pour rendre quelque service ? Voilà une chose qui est encore à l’état de mystère ; mais M. Joseph Peters aborda sur son bateau au chantier du constructeur, au commencement de la nuit de cette journée d’automne. Il était seul et laissa son embarcation, ses gaffes et autre attirail de pêche aux soins des hommes qui habitaient le chantier, puis enfonçant les mains dans ses poches, il s’en alla dans la direction de la petite rue de Gulliver.

Si jamais M. Peters avait eu un air triomphant dans sa vie, si jamais sa bouche avait été tournée d’un côté, c’était bien dans cette soirée ; mais cette contorsion, qui faisait grimacer ce trait de son visage, était celle de la bouche d’un conquérant.

Huit années avaient fait aussi quelque chose pour Kuppins. Le temps ne l’avait pas oubliée, quoiqu’elle fût une humble individualité. Le temps avait