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DU SERPENT.

fait des retouches à sa personne, ajoutant un peu ici, retranchant un peu là, et produisant enfin un ensemble tout à fait imposant. Kuppins avait grandi. Quand cette jeune fille atteignit sa dixième année, il y eut un propos qui courut dans la petite rue de Gulliver et ses environs, que, par suite d’une fatale prédilection pour le gin et le bitter qu’avait eue sa mère dans une période intéressante de sa vie, Kuppins ne grandirait pas davantage ; mais elle donna à la fois un démenti au propos, au gin et au bitter en dépassant ses courtes robes d’enfant à l’âge avancé de dix-sept ans ; et maintenant, elle était plutôt une jeune femme élancée et avait une paire de joues si roses qu’elles eussent fait honneur à de plus robustes santés que celles qui fleurissaient dans Slopperton sur le Sloshy.

Le temps avait encore fait quelque chose pour la chevelure abondante de Kuppins, car celle-ci était maintenant brossée, peignée, tirée et torturée de manière à ne pas être fort éloignée d’être lisse, et en outre elle était retroussée, raffinement dans son procédé de toilette qui avait demandé des années pour être effectué, et qui, exécuté aujourd’hui, réussissait peut-être un peu à faire paraître cette chevelure, aux yeux des admirateurs, pour une grosse balle de coton noir traversée de part en part par une épingle à cheveux. Elle ne portait jamais plus d’une épingle dans ses cheveux, et