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LA TRACE

quand on fait entrer en ligne de compte qu’elle s’en servait dans l’occasion pour extraire les bigorneaux de leurs coquilles, on pourra dire, en définitive, que c’était un instrument d’une grande utilité.

Pour quel motif Kuppins était-elle dans un tel état d’excitation, particulièrement dans cette soirée ? qui pourra le dire ? Toujours est-il certain qu’elle était fortement animée. Au premier bruit de la clef tournant dans la serrure de la porte du no 5 de la petite rue de Gulliver, Kuppins, le flambeau à la main, s’élança pour ouvrir. Avec quelle impétuosité elle entoure de ses deux bras le cou de M. Peters pour l’embrasser, laissant un morceau de suif dans les cheveux de celui-ci, et une odeur de brûlé dans ses favoris ; comment, dans son agitation, éteignit-elle la chandelle, et par un coup de main ou de poumons la souffla-t-elle pour la rallumer, sont choses qui ont besoin d’être vues pour être appréciées. Son premier mouvement fut d’entraîner M. Peters au haut de l’escalier et de le faire entrer dans l’éden intérieur qui avait la même apparence aujourd’hui que celle qu’il avait il y a huit ans. On pouvait presque s’attendre à trouver le baby au visage cramoisi grandi dans son berceau jaune. Mais il n’y était pas, et ces affreux oreillons dont il était atteint quand M. Peters l’avait rencontré pour la première fois, n’ont pas paru lui avoir causé le moindre