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LA TRACE

jeunesse et de sa brillante virilité, dont il va dépenser maintenant le reste à poursuivre une chimère, car elle est persuadée qu’il ne découvrira jamais le meurtrier de son oncle. Comment, après huit ans, sans le moindre indice pour suivre sa piste, comment espérer saisir le véritable criminel ?

Mais la Providence est au-dessus de nous, Agnès Marwood, et dans le sentier obscur et tortueux de la vie, la lumière quelquefois arrive à l’improviste au moment où l’on s’y attend le moins.

Si vous traversez directement Blackfriar’s Bridge, sans vous laisser distraire au delà du pont par les enchantements de ce lieu de flânerie à la mode le New Cut, ou par l’éloquence de la dernière célébrité de cette chapelle circulaire consacrée autrefois à Rowland Hill, si vous n’êtes pas homme à vous laisser attirer par les asticots et autres appâts de pêche, les articles de bric-à-brac, les oiseaux et les cages d’oiseaux, ou par un barbier en plein vent, vous pourrez atteindre définitivement, à l’extrémité de la route, une localité connue des habitants du district sous le nom de Friar Street. Quant à dire si jamais, à quelque époque ténébreuse de notre histoire ecclésiastique, les membres de l’Église mère furent réduits à la nécessité de vivre dans ce quartier, je ne pourrais le faire. Mais si jamais quelques-uns des princes de la foi catholique avaient établi leur demeure dans ce voisinage, il faut croire