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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/114

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LE SECRET

été les ornements délabrés de quelque vieux château en ruine. Le désespoir qui la torturait se communiquait à tous les objets qui l’entouraient, et leur donnait une couleur sombre. Elle avait dit la vérité en annonçant que la visite de sa soubrette lui était agréable. Sa nature frivole avait besoin de ce moment de répit pour faire diversion à ses craintes et à ses souffrances. Il y avait sympathie entre elle et cette jeune femme qui lui ressemblait au moral aussi bien qu’au physique, — et qui était comme elle égoïste, froide, cruelle, désireuse d’un sort meilleur et mécontente de la vie de soumission à laquelle elle se voyait réduite. Milady détestait Alicia, à cause de son caractère franc, passionné et généreux ; elle détestait sa belle-fille et s’attachait à cette pâle soubrette, aux pâles cheveux qu’elle supposait ni meilleure ni pire qu’elle.

Phœbé Marks obéit aux ordres de son ancienne maîtresse, et ôta son chapeau avant de s’asseoir sur le tabouret, aux pieds de lady Audley. Le vent froid de mars n’avait pas dérangé ses bandeaux soigneusement lissés, et toute sa toilette était en aussi bon état que si elle l’eût achevée à L’instant dans le cabinet voisin.

« Sir Michaël va mieux, milady ?

— Oui, Phœbé, beaucoup mieux. Il dort. Fermez cette porte, » ajouta lady Audley, faisant un signe de tête pour désigner la porte de communication laissée entr’ouverte.

Mistress Marks exécuta cet ordre, et revint prendre sa place.

« Je suis bien malheureuse, Phœbé, et bien tourmentée.

— Au sujet du secret ? » demanda mistress Marks à voix basse.

Milady ne prit pas garde à la question, et continua sur le même ton plaintif. Elle était bien aise de pouvoir se plaindre même à sa soubrette. Elle avait souf-