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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/136

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LE SECRET

Elle tressaillit à ce bruit et commença à trembler violemment.

« Je crois que je vais m’évanouir, Phœbé, dit-elle ; où pourrais-je trouver de l’eau froide ?

— La pompe est dans le lavoir ; je cours vous chercher un verre d’eau, milady.

— Non, non, dit milady, retenant Phœbé par le bras, au moment où elle allait sortir pour chercher ce verre d’eau, j’irai moi-même. Il faut que je me plonge la tête dans une cuvette d’eau pour ne pas m’évanouir. Dans quelle chambre couche M. Audley ? »

Il y avait si peu d’à-propos dans cette question, que Phœbé examina attentivement sa maîtresse avant d’y répondre.

« J’ai préparé le no 3, milady,… la chambre à côté de la nôtre, sur le devant, répliqua-t-elle après un silence d’étonnement.

— Donnez-moi de la lumière, dit milady, je vais monter chez vous et mettre de l’eau dans une cuvette pour me baigner la tête. Restez ici, ajouta lady Audley d’un ton d’autorité, en voyant que Phœbé Marks allait lui montrer le chemin, et veillez à ce que votre brute de mari ne monte pas là-haut ! »

Elle saisit la bougie allumée par Phœbé des mains de la jeune femme, et monta l’escalier en bois vermoulu qui menait au sombre corridor du premier étage. Cinq chambres à coucher donnaient sur le corridor dans lequel elle déboucha, et chacune d’elles portait un numéro peint en lettres noires sur les panneaux supérieurs des portes. Lady Audley était venue à Mount Stanning examiner la maison lorsqu’elle avait acheté le fonds à Luke Marks, et elle connaissait très-bien les êtres de cette vieille maison. Elle savait où était la chambre de Phœbé, mais elle s’arrêta devant celle de la chambre qui avait été préparée pour M. Robert Audley.