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DE LADY AUDLEY

tante, et parut effrayée et livide à la clarté de la lampe.

« M. Audley, s’écria-t-elle d’une voix faible et tremblante.

— Silence, dit Alicia parlant bas, avec un geste d’avertissement, vous éveillerez papa. Que c’est bien à vous d’être venu, Robert, » ajouta-t-elle dans le même ton, à voix basse, en faisant signe à son cousin de prendre une chaise vide auprès du lit.

Le jeune homme s’assit sur le siège indiqué au pied du lit, en face de milady, qui se tenait près du chevet. Il examina longtemps et attentivement le visage du dormeur, plus longtemps et plus attentivement le visage de lady Audley, qui reprenait lentement ses couleurs naturelles.

« Il n’a pas été très-malade, n’est-ce pas ? demanda Robert en mettant sa voix au diapason de celle dans laquelle avait parlé Alicia. »

Milady répondit à cette question.

« Oh ! non, non pas dangereusement malade, dit-elle, sans ôter les yeux du visage de son mari, mais cependant nous avons été inquiètes, très, très-inquiètes. »

Robert ne cessa pas un instant d’examiner ce visage pâle.

« Elle me parlera, pensait-il, je la forcerai à rencontrer mes yeux, et je lirai dans les siens comme j’y ai lu déjà. Elle connaîtra combien sont inutiles ses artifices avec moi. »

Il s’arrêta pendant quelques minutes avant de reprendre la parole. La respiration régulière du dormeur, le tic-tac de la montre de chasse en or suspendue à la tête du lit, et le craquement des bûches qui brûlaient étaient les seuls bruits qui rompissent le silence.

« Je n’ai aucun doute que vous n’ayez été inquiète, lady Audley, dit Robert après un moment de silence,