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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/183

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DE LADY AUDLEY

« Oh ! Robert… Robert !… comme vous m’avez mal jugée, si vous avez pu croire que ce serait une trop lourde tâche pour moi que celle de me dévouer à mon père, dit-elle d’un ton de reproche.

— Non, non, mon Alicia, répondit tranquillement le jeune homme, je n’ai jamais douté de votre affection, c’est votre discrétion qui m’inquiète ; puis-je compter sur vous ?

— Vous le pouvez, Robert, dit résolument Alicia.

— Hé bien, j’aurai confiance en vous, ma chère fille. Votre père va quitter Audley, pour quelque temps du moins, le chagrin qu’il vient d’éprouver — chagrin inattendu, entendez-vous — doit sans doute lui faire détester cette résidence. Il s’en va, Alicia, mais il ne faut pas qu’il s’en aille seul.

— Seul !… non… non… mais je pense que lady Audley…

— Lady Audley n’ira pas avec lui, dit Robert gravement, elle va être séparée de votre père.

— Pour quelque temps ?

— Non, pour toujours.

— Séparée de lui pour toujours ! s’écria Alicia. Alors ce chagrin a trait à lady Audley ?

— C’est lady Audley qui est la cause de la douleur de votre père. »

La figure d’Alicia, pâle jusqu’en ce moment, devint rouge tout à coup. Qu’était-ce que ce chagrin causé par lady Audley et qui allait séparer pour toujours sir Michaël de sa jeune femme ? Il n’y avait pas eu de querelle entre eux… l’harmonie avait constamment régné entre Lucy Audley et son généreux mari. Ce chagrin venait donc d’une découverte soudaine, il cachait donc le déshonneur. Robert Audley comprit la signification de cette rougeur.

« Vous offrirez à votre père de l’accompagner partout où il voudra, Alicia, dit-il. Vous êtes son soutien