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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/187

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DE LADY AUDLEY

« Très-bien, mon oncle, alors tout est arrangé. Alicia sera prête pour neuf heures.

— Bon… bon… qu’elle vienne la pauvre enfant, murmura le baronnet ; qu’elle vienne, si cela lui plaît. »

Il soupira en parlant de sa fille. Il songeait à l’indifférence qu’il lui avait témoignée à cause de la femme enfermée en ce moment dans la bibliothèque.

« Je vous verrai au moment de votre départ, mon oncle, dit Robert ; je vous quitte d’ici là.

— Attendez ! dit soudain sir Michaël ; avez-vous dit à Alicia ?…

— Je ne lui ai rien dit, excepté que vous quittiez Audley pour quelque temps.

— Et vous avez bien fait, Robert, dit le baronnet d’une voix brisée, vous avez bien fait. »

Il tendit sa main à son neveu, et celui-ci la porta à ses lèvres.

« Oh ! mon oncle, comment m’excuserai-je à mes propres yeux de vous avoir fait souffrir ainsi ?

— Vous avez fait votre devoir, Robert, vous avez fait votre devoir, mais j’aurais remercié Dieu s’il m’avait épargné cette angoisse en me faisant mourir avant ce soir. »

Sir Michaël rentra dans son cabinet, et Robert revint lentement dans le vestibule. Il s’arrêta sur le seuil de la chambre où il avait laissé Lucy, lady Audley, jadis Helen Talboys, la femme de son ami George.

Elle était étendue sur le parquet à l’endroit même où elle s’était agenouillée pour raconter son histoire. Était-elle évanouie, ou bien pensait-elle à la triste situation dans laquelle elle se trouvait ? Robert s’en préoccupa fort peu. Il parut dans le vestibule et envoya chercher par un domestique la femme de chambre aux rubans roses qui fut tout étonnée et toute consternée en voyant sa maîtresse.

« Lady Audley est malade, lui dit-il ; conduisez-la