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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/188

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LE SECRET

chez elle et veillez à ce qu’elle ne sorte pas. Vous voudrez bien rester auprès d’elle sans lui parler ou lui permettre de se fatiguer en parlant. »

Lady Audley n’était pas évanouie ; elle se laissa aider par la femme de chambre et se releva. Ses cheveux étaient en désordre, sa figure et ses lèvres avaient perdu leurs couleurs et ses yeux brillaient d’un éclat terrible.

« Emmenez-moi, dit-elle, et faites-moi dormir, faites-moi dormir, mon cerveau est en feu. »

Au moment de quitter la bibliothèque, elle se retourna et demanda à Robert :

« Sir Michaël est-il parti ?

— Il partira dans une heure.

— Personne n’a péri dans l’incendie de Mount Stanning ?

— Personne.

— J’en suis bien aise.

— L’aubergiste, Marks, a été brûlé sérieusement, il court un grand danger, mais il peut guérir.

— Tant mieux… je suis contente que personne n’ait succombé. Bonne nuit, monsieur Audley.

— Je vous demanderai demain un entretien d’une demi-heure, lady Audley.

— Quand il vous plaira. Bonne nuit.

— Bonne nuit ! »

Elle disparut en s’appuyant sur l’épaule de sa femme de chambre, et laissa Robert en proie aux plus vives inquiétudes.

Il s’assit devant le foyer dont la lueur diminuait, et réfléchit aux changements survenus dans cette maison qu’il avait trouvée si agréable à habiter avant la disparition de son ami. Il se demanda ce qu’il fallait faire en cette circonstance, et se perdit dans une sombre rêverie d’où le tira le bruit d’une voiture qui approchait de la porte basse de la tour.