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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/195

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CHAPITRE XXXVII

L’avis du docteur Mosgrave.

Lady Audley dormait. Elle dormit profondément d’un bout à l’autre de cette longue nuit d’hiver. N’a-t-on pas vu des criminels dormir la veille de leur supplice, et n’être arrachés à leur paisible sommeil que par le geôlier de la prison qui vient les éveiller ?

La partie était jouée et perdue. Je ne crois pas que lady Audley eût négligé d’utiliser ses cartes, et perdu le trick lorsqu’elle pouvait gagner. Le jeu de son adversaire avait été meilleur, et elle avait été battue.

Elle était plus tranquille maintenant qu’elle ne l’avait été depuis ce jour — ce jour si rapproché de son second mariage — où elle avait lu la nouvelle du retour de George Talboys des placers de l’Australie. Elle était rassurée maintenant qu’on savait son histoire et que son secret était découvert. Il n’y avait plus de nouvelle découverte à faire. Elle s’était débarrassée du terrible secret qui lui pesait, et son naturel égoïste et sensuel avait repris tout son empire. Elle dormait paisiblement sous le duvet et la soie et à l’ombre des grands rideaux en velours qui entouraient son lit. Elle avait ordonné à sa femme de chambre de coucher