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LE SECRET

le 24 février 1859. J’ai besoin de connaître chaque détail de sa vie entre la soirée présente et celle du mois de février 1853.

— Et votre motif est un motif honorable ?

— Oui, je désire la purifier d’un très-horrible soupçon.

— Qui existe seulement dans votre esprit ?

— Et dans l’esprit d’une autre personne.

— Puis-je vous demander qui est cette personne ?

— Non, monsieur Dawson, répondit Robert d’un ton décisif, je ne puis révéler rien de plus que ce que je viens de vous dire. Je suis un homme très-résolu, très-vaillant dans beaucoup de choses. En cette affaire je suis forcé d’être déterminé. Je vous répète une fois de plus que je dois connaître l’histoire de la vie de Lucy Graham. Si vous refusez de m’aider dans la médiocre étendue de votre pouvoir, j’en trouverai d’autres qui viendront à mon secours. Quelque pénible que cela puisse être pour moi, je demanderai à mon oncle les informations que vous me refuseriez, plutôt que d’échouer au premier pas de mes investigations. »

M. Dawson resta silencieux quelques minutes.

« Je ne puis exprimer combien vous m’avez étonné et alarmé, monsieur Audley, dit-il. Je puis vous dire si peu de chose sur les antécédents de lady Audley, qu’il y aurait de ma part pure obstination à vous refuser la faible somme d’informations que je possède. J’ai toujours considéré la femme de votre oncle comme la plus aimable des femmes. Je ne puis me décider à penser autrement d’elle. Ce serait déraciner une des plus fermes convictions de ma vie, si j’étais forcé de changer d’avis. Vous désirez suivre sa vie en arrière, de l’heure présente jusqu’à l’année cinquante-trois !

— Je le désire.

— Elle se maria avec votre oncle il y a eu un an au mois de juin. Elle avait vécu dans ma maison un peu